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mardi, février 13, 2007

Machines à voter: recette pour une fraude électorale parfaite






Machines à voter : recette pour une fraude électorale parfaite
Un informaticien néerlandais vient de démontrer à quel point les ordinateurs de vote (dont s’équipent plus d’une centaine de villes en France) sont faciles à pirater.
Pour la présidentielle de 2007, plus d’un million de Français voteront sur des ordinateurs. Fini le bulletin papier, ils appuieront sur une touche, un peu comme pour choisir un billet à la SNCF. Vu que le dépouillement ne prend que quelques minutes (un clic, une addition, c’est fini !), les municipalités sont ravies. Mais, pour bon nombre d’informaticiens, ce procédé est antidémocratique car il autorise une fraude indétectable.
Impossible !, arguent les fabricants. Ah, bon, impossible ? Chiche, a répondu l’informaticien néerlandais Rop Gonggrijp. Il s’est procuré une machine à voter et nous a montré comment procéder. Cela, dans le but de stopper dans l’oeuf la progression du vote électronique avant qu’il ne se répande en France.
Si je dis de Rop Gonggrijp qu’il est informaticien, vous allez imaginer un expert en blouse blanche. Si je le qualifie de fabricant de téléphones, vous pensez à obscur technicien. Si je le présente comme un hacker surdoué, c’est une sorte de boutonneux à lunettes qui apparaît. Et si je le traite de jeune militant politique alternatif, ça en fait un trublion anar. Rop Gonggrijp est un peu tout ça... et rien de tout ça.
Dans la maison d’Amsterdam où il me reçoit, une dizaine de jeunes s’affairent sur des ordinateurs (voir encadré). Ambiance de boulot décontractée. Au mur, des affiches contre les machines à voter. L’une d’elles montre Staline surtitré d’une phrase qu’on lui attribue : « Ce qui compte, ce n’est pas qui vote, mais qui compte les votes. » Une autre paraphrase le film Alien en prévenant : « Dans le cyberespace, personne ne vous entend voter. »
Rop qualifie son travail de « recherche en sécurité » et n’aime pas trop être qualifié de hacker : « Hacker, cela fait hors-la- loi. Or, non seulement nous ne sommes pas contre la loi, mais, au contraire, nous en sommes de grands défenseurs. » C’est tout le sens de son expérience sur les ordinateurs de vote (ou machines à voter). Les fabricants disent qu’ils sont fiables et qu’il est impossible de modifier leur programme. Qu’elles sont inviolables, en somme. Inviolables ? Eh bien, c’est ce qu’on va voir.
La première étape a été de se procurer des ordinateurs de vote. Pas facile, car ceux qui les vendent n’aiment pas qu’on mette le nez dans leurs affaires. Alors, Rop a grugé. Il a repéré des municipalités qui avaient des machines en trop, à cause de fusion de bureaux de vote. « On leur a dit qu’on voulait leur acheter des machines pour organiser les élections du conseil d’entreprise de notre société. »
C’est comme ça qu’ils ont déniché une machine de la marque Nedap. Pour nous, ça tombe bien. Ce fabricant néerlandais est précisément leader sur le marché français. Tout ce que nous dira Rop aura donc de bonnes chances d’être valable pour la majorité des ordinateurs de vote utilisés en France.
Le reste fut un jeu pour Rop : ouvrir le capot avec un tournevis, retirer le composant qui contient le programme, le modifier, puis le remettre dans l’ordinateur [1] (voir encadré). Pour clore la démonstration, Rop me fait simuler une élection. Sur le panneau de l’ordinateur, une dizaine de candidats sont proposés. J’appuie plusieurs fois au hasard. À la fin, un rouleau de papier annonce le résultat du vote. Je découvre que le plus grand nombre de voix est obtenu par un parti (appelé malicieusement « Parti de la fraude ») pour lequel aucun des électeurs multiples que j’incarnais n’a voté. Normal : c’est précisément le parti que la petite manipulation de Rop avantage, quoi qu’il advienne. Une fraude parfaite, qu’aucun observateur de bureau de vote ne pourrait même soupçonner. « Et ce que j’ai fait, n’importe quel programmateur de bon niveau peut le faire », conclut Rop.