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jeudi, janvier 04, 2007
Un Monty Python contre « la guerre au terrorisme »,
Tout d'abord, petite définition:
La « guerre contre le terrorisme » ou « guerre contre la terreur » (« War on Terror » ou « Global War on Terror », GWOT) est un concept géopolitique développé par l’administration américaine de George W. Bush après les attentats du 11 septembre 2001.
LIEN
À propos du livre de Terry Jones, Ma guerre contre la « guerre au terrorisme »
Par Damien-Guillaume et Marie-Blanche Audollent, Avril 2006
IntroductionÀ l’heure où grands médias et dirigeants socialistes nous invitent à nous rallier au « blairisme », le brulôt que Terry Jones consacre à la Croisade américaine contre « le terrorisme » constitue une formidable alternative : un « autre modèle anglais », « notre modèle anglais à nous ». Ce livre est en effet exemplaire à plus d’un titre : composé de chroniques courtes et d’une lecture aisée, il propose une analyse de la novlangue « bushienne », aussi minutieuse que celle d’un Viktor Klemperer [1] ou d’un George Orwell [2], avec en prime la verve comique des Monty Python - dont Terry Jones a été l’un des fondateurs et des principaux animateurs. Ce qui est remarquable, surtout, et difficilement imaginable au pays de Philippe Val [3], c’est qu’un « amuseur public » délaisse les salles de spectacle ou les plateaux de télévision pour passer à l’écrit et aborder des sujets graves sans pour autant perdre son humour, sans devenir sinistre et pontifiant - et sans virer « vieux con » élitiste, réactionnaire, pro-américain, anti-arabe et islamophobe ! Il est bien là, le « miracle anglais » : un petit livre intelligent, radical, féroce, drôle, et - si le mot a encore un sens - de gauche ! Le texte qui suit est une présentation de ce livre ; il a été rédigé par Damien-Guillaume et Marie-Blanche Audollent, traducteurs de Ma guerre contre la « guerre au terrorisme » [4].
Article
Il est des mots qu’on ne prononce pas impunément. Même dans nos « démocraties », et surtout pas lors de la grand-messe d’un gouvernement triomphant. En ce jeudi 29 septembre 2005, à Brighton, la conférence annuelle du New Labour blairien, reconduit aux affaires quelques mois plus tôt pour un historique troisième mandat, bat son plein. À la tribune, Jack Straw, ministre des Affaires étrangères, disserte doctement sur la « libération » de l’Irak, devant un parterre de délégués venus des quatre coins du Royaume-Uni, lorsque fuse du public un discret mais cinglant « Nonsense ! »
Aussitôt empoigné par les pandores du service d’ordre, l’auteur de cet éclat, Walter Wolfgang, est expulsé sans ménagements, tandis que le ministériel orateur reprend le fil de son propos. Quand l’importun - un octogénaire juif, qui a fui l’Allemagne hitlérienne en 1938 - tente de réintégrer la salle de conférence, il se voit aussitôt menacé d’inculpation sous le coup de la récente loi antiterroriste.
Tony Blair et sa clique auront beau, dès le lendemain, se répandre en plates excuses sur tous les plateaux de télévision, le mal est fait : les grands de ce monde n’apprécient guère qu’on se mêle de pointer l’inanité criminelle de leurs rodomontades. Cette anecdote, que les médias français n’ont quasiment pas relayée, prend valeur de symbole : celui de l’affolement qui, face à l’indignation populaire ou à la simple expression d’un désaccord, s’empare des autorités « démocratiques ».
C’est à ce genre de petits détails qu’on mesure ce qui a changé depuis que la Maison Blanche et Downing Street ont lancé, dans la foulée des attentats contre le World Trade Center et le Pentagone, leur « combat monumental du Bien contre le Mal ». Quelques déluges de fer et de feu plus tard, relayant une vérité embedded claironnée de Londres à Washington, les éditorialistes des deux côtés de l’Atlantique saluent, la main sur le cœur, le « vent de liberté » qui souffle sur le Proche et le Moyen-Orient. La « démocratie » est en marche ; la « guerre au terrorisme » porte ses fruits : circulez, il n’y a rien à voir !
Cependant, n’en déplaise à ses tailleurs (de costard), l’empereur est nu : Oussama Ben Laden court toujours, et Saddam Hussein n’avait pas d’Armes de Destruction Massive ; qui plus est, de Guantánamo Bay à Abou Ghraib, en passant par Bagram et de nombreuses prisons secrètes « délocalisées », l’Amérique torture au nom d’une « liberté » qui, servant de faux nez à ses ambitions impérialistes, est de plus en plus bafouée à travers le monde.
« La première victime de la guerre, c’est la grammaire »
Au soir du 11 Septembre, l’Occident frappé de stupeur erre à tâtons dans un monde en ruine. Incroyable, innommable, indicible : il n’y a pas de mots pour dire le désastre. C’est d’abord dans le pouvoir de sidération de cette horreur sans nom que s’enracine notre défaillance à contrecarrer les dérives qui ont suivi la chute des tours : avec elles, s’est effondrée notre aptitude à échafauder dans la langue des images d’une réalité mal dite qui, en nous la rendant intelligible, nous délivreraient du vertige insensé de cette malédiction. « Ground Zero, note Christian Salmon, c’est une zone de langage effondré. Au pied des tours en ruine, c’est le récit américain qui gît en pièces. » [5]
« Ou vous êtes avec nous, ou vous êtes contre nous » : afin de recoller les morceaux de leur autorité symbolique, les dirigeants américains sautent sur l’occasion pour se replier tambour battant sur un discours manichéen, qui menace et tranche. À ma droite, la démocratie, blanche comme l’agneau ; à ma gauche, le terrorisme aux noirs desseins. Foi d’Aristote, c’est beau comme de l’antique !
Mais le spectacle du monde a toujours partie liée avec la grammaire qui l’articule : Eux et Nous, le Bien et le Mal, le Vrai et le Faux sont d’abord des choix de mise en scène. Sitôt distribuées les cartes de ce jeu de dupes, qui condamne les « cerveaux disponibles » au suivisme électoral et patriotique, le langage est pris de curieuses contorsions. Triomphe d’une nouvelle et fruste grammaire, dont les règles perverties orchestrent les récits pernicieux de la « guerre au terrorisme ».
Révolté par l’hypocrisie du pouvoir et l’inertie du plus grand nombre, Terry Jones - écrivain, comédien et metteur en scène britannique - a décidé de contre-attaquer, pour démasquer les contradictions que recèle cette « guerre » et la forfaiture qu’elle constitue. Passant au crible d’une implacable verve satirique les faits d’armes et les méfaits de langue de George W. Bush et Tony Blair, l’ex-Monty Python revisite avec une féroce nonchalance les arcanes d’une croisade irrationnelle et mensongère. La quarantaine de textes qu’il a ciselés au fil des mois [6] nous invite à renouer les fils d’une réflexion trop souvent contaminée par la novlangue des « informations » :
« Mon dictionnaire, écrit-il lors du déclenchement de l’offensive contre l’Irak, définit une “guerre” comme un “conflit ouvert, armé, entre deux parties, nations ou États”. Dès lors, larguer des bombes, protégé par l’altitude, sur une population déjà en difficulté, aux infrastructures ruinées par des années de sanctions et vivant sous la coupe d’un régime oppressif, ce n’est pas une “guerre”. C’est du tir aux pigeons. »
Quelque temps plus tard, il note :
« la vraie “guerre” n’a commencé qu’après l’occupation de l’Irak et la mise en place d’un gouvernement de collabos [...]. Mais est-ce ainsi que les journaux, la télévision et la radio la désignent ? Non : ils parlent d’“insurrection” et de “terrorisme”, parce que ce sont les mots qu’aiment employer MM. Bush et Blair. »
Et les grands médias « reprennent tous en chœur l’air de pipeau que jouent ceux qui sont au pouvoir ».
Constatant que « la première victime de la guerre, c’est la grammaire », Terry Jones se met en devoir de traquer les symptômes de cette « guerre des mots » secrètement déclarée à l’opinion publique par les spin doctors de la Maison Blanche et de Downing Street, au détour de leur campagne contre le « terrorisme », ennemi aussi insaisissable que flou :
« Le langage est censé rendre les idées claires, et compréhensibles pour tout un chacun, écrit-il. Mais [...] il est impossible de faire la guerre à un substantif abstrait : comment saura-t-on qu’on a gagné ? Quand le terme en question aura été supprimé du dictionnaire, peut-être ? »
La novlangue, contre la tentation de réfléchir
Si les mots ont un sens, cette querelle sémantique est tout sauf dérisoire. Nous aurions tort de sous-estimer la gravité de ces dommages collatéraux que le désastre du 11 Septembre n’en finit pas d’entraîner dans son sillage. Car, au-delà des fables du pouvoir et des errements journalistiques, ils nous posent une question plus fondamentale : celle de la langue, malmenée aujourd’hui par cette croisade « civilisée » et manichéenne contre l’Axe du Mal comme elle le fut, toutes proportions gardées, à l’aube des totalitarismes du siècle dernier.
« Le nazisme s’insinua dans la chair et le sang du grand nombre à travers des expressions isolées, des tournures, des formes syntaxiques qui s’imposaient à des millions d’exemplaires et qui furent adoptées de façon mécanique et inconsciente » [7], écrivait Victor Klemperer. Soixante ans plus tard, il n’est pas inutile de méditer la leçon de ce philologue juif allemand écarté en 1935 de sa chaire à l’université de Dresde, qui tint le journal secret des mutations que le nazisme faisait subir à la langue allemande : c’est par une résistance dans la langue que l’on pourra sortir de l’hébétude, « maintenir et incarner la continuité de la raison et de la pensée critique face à la tyrannie » [8].
Ce qui est en jeu ? La réflexion, la liberté et la démocratie : aujourd’hui comme hier, en matière de mots, « moins le choix est étendu, moindre est la tentation de réfléchir », disait déjà George Orwell [9]. « Les discours et les écrits politiques, écrit encore l’auteur de 1984, sont aujourd’hui pour l’essentiel une défense de l’indéfendable », en tant qu’ils servent à justifier, en les recouvrant d’un voile pudique, des faits qui ne peuvent être défendus qu’ « à l’aide d’arguments d’une brutalité insupportable à la plupart des gens, et qui ne cadrent pas avec les buts affichés des partis politiques » :
« Des villages sans défense subissent des bombardements aériens, leurs habitants sont chassés dans les campagnes, leur bétail est mitraillé, leurs huttes sont détruites par des bombes incendiaires : cela s’appelle la pacification. Des milliers de paysans sont expulsés de leur ferme et jetés sur les routes sans autre viatique que ce qu’ils peuvent emporter : cela s’appelle un transfert de population ou une rectification de frontière. Des gens sont emprisonnés sans jugement pendant des années, ou abattus d’une balle dans la nuque, ou envoyés dans les camps [...] : cela s’appelle l’élimination des éléments suspects. Cette phraséologie est nécessaire si l’on veut nommer les choses sans évoquer les images mentales correspondantes ». [10]
Il est stupéfiant de constater à quel point l’observation faite par Orwell se transpose, mot pour mot, au jargon employé de nos jours par les pouvoirs et les médias dominants. Grâce à cette fossilisation de la langue et de la pensée, les dirigeants anglo-américains ont réussi à maintenir depuis plus de quatre ans, au mépris de l’opposition affichée par leurs populations et des millions de personnes à travers le monde, le cap d’une guerre effaçant la frontière entre absurdité et horreur. L’actuelle administration américaine ne s’embarrasse pas de la réalité des faits ; quand ceux-ci lui sont défavorables, elle les noie sous un flot de mensonges plus dociles. Sûre de son fait, elle se berce de son propre mythe, assignant la réalité - complexe, ambiguë et mouvante - à résidence, dans un vocabulaire définitif et mortifère :
« Peu importe ce que les gens croient réellement, note Terry Jones. Ce qui compte, c’est comment les faire rentrer dans le rang. »
Enfoncer les digues de notre torpeur
Sœur jumelle de la guerre perpétuelle de 1984, l’actuelle « guerre au terrorisme » ne cherche pas à connaître l’histoire et le présent, mais plutôt à les fabriquer, et au besoin à les falsifier. « Qu’ils aient tort ou raison, les États-Unis ont le pouvoir de créer des faits accomplis » [11] : ce constat formulé par Hubert Védrine, ancien ministre français des Affaires étrangères, il importe d’en saisir la véritable portée. Pour nous y aider, Terry Jones rapporte, dans un texte magistral en forme de conversation téléphonique où Bush dame le pion à Dieu en personne, ces paroles terribles d’un proche conseiller du président américain :
« La communauté des adeptes de la réalité n’est plus en phase avec la marche du monde. Maintenant que nous sommes un empire, nous créons par nos actes notre propre réalité. Et pendant que vous observerez cette réalité - judicieusement, comme vous ne manquerez pas de le faire -, nous agirons de nouveau, créant d’autres nouvelles réalités, que vous pourrez également observer, et c’est comme ça que le monde avance. Nous sommes les acteurs de l’histoire... et vous, vous en serez tous réduits à la simple observation de ce que nous faisons. » [12]
Quand des gouvernants profèrent des mots d’ordre aussi méprisants, ce sont les fondements mêmes du pacte démocratique qui sont menacés, ainsi que l’explique Hannah Arendt :
« Le sujet idéal du règne totalitaire n’est ni le nazi convaincu, ni le communiste convaincu, mais l’homme pour qui la distinction entre fait et fiction (c’est-à-dire la réalité de l’expérience) et la distinction entre vrai et faux (c’est-à-dire les normes de la pensée) n’existent plus. » [13]
Comme tous les conflits, et peut-être plus encore, la « guerre au terrorisme » organise une savante confusion entre messies et lanternes, entre récits et balivernes. Résister en écrivain, c’est desserrer l’étreinte des définitions, des identités et des frontières ; c’est forger des histoires qui, en sapant leur arbitraire, restituent à la pensée une prise sur les événements qui nous traversent. D’où l’angle d’attaque choisi par Terry Jones, dans cette offensive tous azimuts pour retourner la duplicité des mots troubles contre leurs fauteurs. Œil pour œil, cliché pour cliché : le nonsense est la chose au monde la mieux partagée.
Loin de n’être qu’un assemblage hétéroclite de fragments épars, semés au gré du vent des événements, ce livre tisse la toile d’une entreprise cohérente, bien que multiforme : soumettre cette logique de guerre à de subtils détournements, qui révèlent ses implications les plus insensées ; explorer l’absurde inhumanité qui tend à envahir notre espace public et privé sous les coups de boutoir de singuliers glissements de sens ; opposer une nuée de saynètes, de contes et de digressions minuscules au nihilisme et à la transparence des Discours Uniques et Majuscules.
Au total, ces chroniques politiques sont tout sauf un épiphénomène dans une œuvre d’un rare éclectisme. Faisant feu de toute langue de bois, Terry Jones n’a de cesse de s’appuyer, comme aux temps du Flying Circus ou de Sacré Graal, sur le recyclage virtuose d’éléments de la culture populaire :
« Si faire de l’humour ou raconter des histoires a quelque sens, explique-t-il, c’est celui de dire en même temps quelque chose sur le monde. J’aime l’idée qu’une histoire très simple puisse cependant receler quelque vérité fondamentale. Les Habits neufs de l’empereur, d’Andersen, par exemple : voilà une histoire géniale sur la politique et la propagande, mais c’est un récit tout simple, et même les enfants comprennent très bien de quoi il s’agit. » [14]
Ce recours au conte et à la fable est au cœur de l’offensive littéraire de l’ancien Python, contre l’un des paradoxes majeurs de cette société du spectacle et de l’information, où « nous sommes informés de tout, mais nous ne nous rendons compte de rien », comme le souligne Eduardo Galeano dans un livre indispensable [15]. Procédant au dévoilement de ce qui se joue sous nos yeux et que nous semblons ne pas voir, Terry Jones recoupe, détourne, subvertit le flux des « informations » pour enfoncer les digues de notre torpeur. Dans une version très contemporaine de l’histoire du « roi nu » [16], il se tient aux côtés de l’humble gamin d’Andersen, qui refuse les certitudes sur ordonnance :
« “L’Irak, oui, bombardons ce truc-là. Ça rendra le monde plus sûr.” C’est comme dans Les Habits neufs de l’empereur, on prend des décisions de fous à lier, et au bout du compte personne n’y trouve rien à redire. » [17]
Le nonsense, ou le venin comme antidote
Quand le monde marche sur la tête, il ne reste plus qu’à le prendre au pied de la lettre : c’est l’un des ressorts majeurs de la tradition britannique du nonsense, qui demeure trop souvent frappé d’incompréhensible exotisme à nos yeux franchouillards. « L’humour anglais, écrivait Pierre Desproges, souligne avec amertume et désespoir l’absurdité du monde. L’humour français se rit de ma belle-mère. » [18] Mais cette spécialité insulaire semble appelée à rencontrer chez nous un écho grandissant, si l’on en croit Robert Benayoun :
« Nous atteignons peut-être un âge du nonsense. Cette grâce typiquement anglo-saxonne presque indéfinissable [...] frappe finalement notre entendement français si prosaïque et si ratiocineur. Le chaos financier et social où nous sommes, balayant les mécanismes burlesques nationaux les plus lénifiants (la fameuse ironie à la française) défoule-t-il enfin chez nos compatriotes, sous une forme plus spontanément irrationnelle, les inquiétudes latentes en un culte soudain du sens dessus dessous ? » [19]
Ces lignes semblent écrites pour la France d’aujourd’hui, qui se débat dans la crise politique, économique, sociale et morale que l’on sait ; pourtant, elles furent publiées au tournant des années 1970 et 1980. À l’époque - est-ce un hasard ? - où les Monty Python étaient occupés à se tailler une réputation mondiale en lançant depuis l’Angleterre pré-thatchérienne quelques-unes des plaisanteries les plus improbables et les plus corrosives de l’époque. Sexe, religion, pouvoir, perroquets morts, Inquisition espagnole et ministères des démarches stupides : le nonsense selon Graham Chapman, John Cleese, Terry Gilliam, Eric Idle, Terry Jones et Michael Palin interroge à sa manière - réfractaire et inspirée - le sacré, le sens de la vie et l’absurdité d’un monde de banquiers de la City et de soldats coloniaux.
Qu’en est-il resté ? À la parution de leur autobiographie, en 2003, les intéressés esquissaient un inventaire mi-goguenard, mi-rageur :
« Terry Jones se souvient d’un prof qui lui avait dit : “Avant les Monty Python, les gosses dans les cours de récréation se tapaient dessus. Maintenant, ils font les cons.” Et John Cleese de personnes “qui ne pouvaient plus regarder les infos après avoir vu notre show”. Il n’y a guère que Terry Gilliam pour penser que les Python peuvent être dangereux : “On a érigé l’absurde au rang de genre artistique à part entière et c’est peut-être à cause de ça que des types comme George W. Bush peuvent finir à la Maison Blanche, explique Gilliam. Parce que si les gens avaient réfléchi au lieu de se marrer devant nos conneries, ils n’auraient jamais laissé faire une chose pareille...” » [20]
Nulle volonté, cependant, chez ces incorrigibles récalcitrants, de jouer les procureurs ou de donner des leçons - mais un appel à la réflexion, à l’indépendance et à la résistance. L’humour pythonesque ne s’embarrasse pas de choisir son camp ; il déserte, toujours et partout. Quel serait aujourd’hui le point de vue des Monty Python sur l’actualité ?
« J’espère qu’une sorte de regard se dégage naturellement de tout ce qu’on a fait, répond Terry Jones. Si vous essayez dès le départ d’écrire avec un point de vue, alors ça risque de tourner au prêchi-prêcha. Mais j’espère que, de la masse de travail que nous avons produite, il ressort une certaine position, sans doute pas une posture unique et figée, peut-être plutôt une attitude interrogative : ayez une pensée autonome. » [21]
Tel demeure l’enjeu - pas si « tarte à la crème » qu’il y paraît, et plus que jamais à l’ordre du jour - d’un humour aussi radical dans le choix des cibles que dans celui des munitions.
La satire, une arme contre le mensonge politique
Aujourd’hui comme hier, l’ironie offre un antidote souverain contre les tissus de mensonges des pouvoirs de tout poil. Mais jusqu’où peut-on aller trop loin dans la satire ? Pour se faire une idée de la réponse que Terry Jones, fort de son expérience avec les Monty Python, apporte à cette question, une petite incursion dans l’histoire littéraire anglaise s’impose, sur les traces de quelques figures tutélaires, expertes en armes de dérision massive.
1702 : Daniel Defoe (v. 1660-1731), futur auteur de Robinson Crusoé, diffuse The Shortest Way with the Dissenters, un pamphlet grinçant qui préconise l’éradication pure et simple des minorités religieuses en terre anglicane. Destinée à soulever un mouvement de protestation chez les libéraux, l’intransigeance scabreuse que l’auteur affecte d’enfourcher fait scandale. Pour radical que soit son texte, il ne l’est sans doute pas assez, car de nombreux anglicans extrémistes, qui le croient écrit par l’un des leurs, s’en réclament !
« C’est cruauté de tuer un serpent ou un crapaud de sang-froid, écrit perfidement Defoe dans ce libelle qui lui vaudra quelques semaines de prison, mais leur nature empoisonnée change en charité pour nos voisins la destruction de ces créatures, non pour quelque blessure qu’ils nous auraient causée, mais par prévention ; non pour le mal qu’ils ont fait, mais pour celui qu’ils pourraient faire. » Tiens, tiens... L’essayiste aurait-il pressenti l’inanité faisandée du concept de « guerre préventive » ?
1729 : doyen de la cathédrale Saint-Patrick à Dublin, et fervent partisan de la cause irlandaise, Jonathan Swift (1667-1745) publie A Modest Proposal for Preventing the Children of Poor People in Ireland from Being a Burden to Their Parents or Country, and for Making Them Beneficial to the Public (« Modeste proposition pour empêcher les enfants des pauvres d’Irlande d’être à la charge de leurs parents ou de leur pays et pour les rendre utiles au public »). La démesure du titre reflète l’énormité de la charge : en fait de « modeste proposition », Swift suggère de vendre la jeunesse irlandaise - malheureuse, oisive et vicieuse, naturellement - comme mets de choix sur la table des nantis. L’extinction du paupérisme implique la dévoration - non pas symbolique mais bien réelle - des sacrifiés d’un système social inhumain. Solution qui aurait le mérite de soulager définitivement ceux qui ploient sous le faix, tout en rassasiant ceux qui croulent sous l’or et le pouvoir.
Comme pour Defoe, le rire glacial de Swift, qui démasque le cynisme et la cruauté d’un certain discours sur l’ordre social et la misère, fait scandale du côté des lecteurs naïfs - ce qui ne manquera pas de valoir à l’ecclésiastique quelques difficultés dans sa carrière. Sous sa plume, qui vise autant le sort fait aux pauvres que l’obscénité des solutions proposées par les politiques, le ridicule prend des proportions gigantesques et devient enfin visible, par un brusque retournement socratique. Feindre l’ignorance pour révéler celle de l’autre, creuser le mensonge pour l’exposer au grand jour : cette méthode ne pouvait manquer de séduire André Breton, lequel place Swift à l’ouverture de sa célèbre Anthologie de l’humour noir. À son tour, l’ancien Python en fait ici son miel et, via quelques venimeuses et swiftiennes propositions, son cheval de Troie pour ruiner d’autres tartuferies...
Defoe et Swift traînent une injuste réputation d’auteurs pour la jeunesse - autrement dit, selon un cliché tenace, d’écrivains mineurs. Le même sort guette Terry Jones, qui a par ailleurs écrit de nombreux ouvrages « pour enfants » [22]. Ce malentendu empêche de lire leurs satires pour ce qu’elles sont : de redoutables machines de guerre contre la bêtise des fanatismes, les impostures de la science et les compromissions de la politique. Il suffit, pour s’en convaincre, de relire ce qu’écrit Orwell à propos de la critique visionnaire, chez Swift, de ce qu’on n’appelait pas encore « totalitarisme » :
« Il anticipe avec une lucidité extraordinaire l’“État policier” [...] avec ses perpétuelles chasses aux hérétiques et ses procès pour trahison, organisés à seule fin de neutraliser le mécontentement populaire en le transformant en hystérie guerrière. [...] Il y a quelque chose d’étrangement familier dans l’atmosphère de ces chapitres, car on y trouve, mêlée à beaucoup de bouffonnerie, l’intuition que l’un des buts du totalitarisme est non seulement de s’assurer que les gens pensent correctement, mais surtout de les rendre moins conscients. » [23]
Il est frappant de constater combien cette description d’un monde totalitaire évoque notre époque, pareillement faite d’aveuglement collectif et d’hystérie sécuritaire.
Chaucer et la « guerre à l’hérésie »
Cette digression en forme de plongée dans l’Angleterre pré-capitaliste des Lumières nous mène, d’un nouveau saut de puce, en plein Moyen Âge... En effet, Terry Jones, loin de tenir tout entier dans le rôle d’amuseur public auquel on le résume parfois, est aussi historien, féru d’histoire et de littérature médiévales. Ce n’est pas un hasard si cet ancien élève de la Royal Grammar School (Guilford) et du St. Edmund Hall College (université d’Oxford) s’est tourné vers le Moyen Âge : là aussi, l’iconoclaste - qui s’arrange toujours, quand il raconte une histoire, pour mettre au jour, en passant, quelques faux-semblants du monde contemporain - s’attache de livre en livre [24] à saper les fondements de l’historiographie officielle, encombrée de stéréotypes.
Particulièrement intrigante, de ce point de vue, est la figure de Geoffrey Chaucer (v. 1340-v. 1400), auteur de ce monument fondateur que sont les Contes de Canterbury, qui disparut au tournant du XIVe et du XVe siècles. Ni tombe, ni testament, ni mention dans les chroniques : la fin de celui qui fut salué comme l’un des esprits les plus brillants de son temps reste entourée d’une énigme singulière. Et si sa personnalité et ses écrits, encouragés par le libéral et raffiné Richard II, étaient devenus gênants, voire hérétiques, dans le contexte du nouveau régime, brutal et réactionnaire, d’Henry IV l’usurpateur ?
De ce mystère, Terry Jones, membre de la New Chaucer Society, a tiré avec quelques complices la matière d’une enquête historique sur les circonstances de la mort de l’immense écrivain et les agissements en coulisses de certains seigneurs de guerre médiévaux [25]. Sous l’investigation érudite, pointe le venin du satiriste qui a médité la leçon de Swift et Defoe : pas de quartier ! « Le cerveau dans cette affaire, c’était l’archevêque d’Arundel : le Henry Kissinger de l’époque. Il s’est comporté en tous points comme aujourd’hui. Il a installé son pouvoir illégitime, illégal ; il a menti et triché pour s’emparer du pouvoir. Puis il a neutralisé l’opposition en déclarant une guerre à l’hérésie. Exactement ce qu’il lui fallait : une guerre sans fin, contre un ennemi qu’il pouvait définir à sa guise. Il a donc dit : “Ou vous êtes avec nous, ou vous êtes des hérétiques”. » [26]
Un substantif abstrait pris pour cible d’une guerre tous azimuts, un ennemi que l’on peut définir à sa guise... : voilà qui résonne étrangement avec le contexte géopolitique actuel. Le terrorisme serait-il l’hérésie des temps modernes ? « Au XIVe siècle, poursuit Terry Jones, on avait recours aux mêmes mécanismes et aux mêmes leviers de pouvoir que ceux qu’on emploie aujourd’hui dans la guerre au terrorisme. »
« Chaque époque a sa propre histoire, écrit-il. L’Histoire, c’est en réalité les histoires qu’on se répète à soi-même afin de tenter de les rendre pertinentes à ses propres yeux. » [27] Ainsi, l’idée que nous nous faisons du Moyen Âge est héritée du XIXe siècle, époque où
« l’Angleterre s’est mise à chercher dans l’histoire de quoi justifier la violence nécessaire à la fondation d’un empire. Et il va sans doute se passer la même chose en Amérique dans les années à venir, le prince Rumsfeld et lord Wolfowitz repoussant à l’infini les frontières de leur empire et justifiant la violence. Les choses ne changent pas vraiment, et les raisons de faire la guerre encore moins. Wolfowitz, Perle, Rumsfeld : ils se font tous du fric grâce à la guerre... Et c’est pour ça aussi qu’on faisait la guerre au Moyen Âge. Si le duc de Gloucester et le duc de Warwick ont pris en sainte horreur la politique de paix avec la France menée par Richard II, c’est parce que la paix ne leur rapportait rien : ils voulaient la guerre. Les va-t-en-guerre, c’est pareil à toutes les époques : ils se font du fric ». [28]
« Les similitudes entre “jadis” et “maintenant” m’intéressent davantage que les différences, explique encore Terry Jones. Si j’étais un historien professionnel, je m’intéresserais sans doute plus aux différences, mais ce sont les ressemblances qui me passionnent. Ce sont elles qui donnent vie au passé. » [29] Avec sa chasse aux hérétiques, ses élites va-t-en-guerre et son arbitraire institutionnalisé, le Moyen Âge nous ressemble bien plus qu’on n’ose se l’avouer.
Un livre hérétique, contre la transparence opaque des mots d’ordre
« Une abondance de mensonges politiques est une marque certaine de la liberté anglaise », est-il écrit dans L’Art du mensonge politique (1733), attribué à Jonathan Swift. À cette aune, le gouvernement de Tony Blair aura sans conteste été un grand pourvoyeur de liberté outre-Manche. Et l’on avait sans doute en Grande-Bretagne (de même qu’en Italie ou dans l’Espagne de José Maria Aznar) de meilleures raisons qu’en France pour s’indigner contre une guerre injustifiable.
Chez nous, la posture adoptée naguère à l’ONU par Jacques Chirac et Dominique de Villepin était certes plus à même d’emporter l’adhésion populaire. Mais l’oukase du président Bush (« Ou vous êtes avec nous, ou vous êtes contre nous ») fait trop souvent office, chez nous aussi, de cadre théorique et tactique aux positionnements et bavardages « intellectuels ». Afin de disqualifier ceux qui manifestent leur refus d’un tel ultimatum, fut inventé l’« anti-américanisme » - primaire, forcément ! -, épouvantail brandi par de piètres dons Quichotte, qui jouent les anti-antis pour mieux dissimuler leurs propres égarements...
Nul ne saurait nier que les tentations impérialistes à l’œuvre dans les États-Unis d’aujourd’hui sont porteuses de nombreux dangers. Il est urgent d’allumer des contre-feux ; et ce livre apporte sa part d’informations inédites et troublantes - comme, par exemple, l’exégèse du programme du Projet pour le nouveau siècle américain (PNAC) [30], quasiment passé sous silence en France. Rares sont les voix dissidentes qui savent, comme celle de Terry Jones, malmener la transparence frauduleuse des mots du pouvoir, tout en se préservant par une sombre ironie des pièges de l’angélisme et, par un humanisme entêté, des ornières du cynisme.
Dans ce temps où, selon le poète Philippe Jaccottet, « le réel est chaque jour mieux dissimulé par un vacarme dépourvu de sens, sinon d’efficacité » [31], dans ce monde où le consensuel brouhaha médiatique travaille à fabriquer du « temps de cerveau humain disponible » [32], la perversion du sens des mots dissimule la barbarie sans visage et sans nom des puissances de l’argent. Interroger les mots d’ordre de notre « civilisation » aveuglée par sa propre puissance ; secouer nos esprits engourdis et nos bouches cousues... de fil blanc ; faire voler en éclats le Grand Récit de l’Ordre Militaire, Médiatique et Marchand (GROMMM) : tel est le (vaste) projet de ce livre insoumis, qui métamorphose en Grand-Guignol ’pataphysique la croisade du père Ubu(sh) contre l’Axe du Mal.
On se souvient (peut-être) du scandale qui entoura la sortie du film La Vie de Brian, en 1983. « Attention, se rebiffe Terry Jones, c’est un film hérétique, pas blasphématoire. » [33] Qu’il brocarde, comme alors, la propension humaine à se diviser en groupuscules et en sectes, ou qu’il couvre de ridicule, comme ici, la prétention absolutiste de fables meurtrières, l’ex-Python évite le blasphème - c’est-à-dire l’imprécation rageuse et impuissante - et revendique l’hérésie - c’est-à-dire une tentative pour ruiner l’autorité du dogme.
Pour n’avoir pas été assez féroce, Daniel Defoe fut cloué au pilori par des esprits bas de plafond. De même, Jonathan Swift eut à endurer les suites de la lecture au premier degré que certains firent de ses virulentes satires politiques et religieuses : on les a pris au sérieux... et à la gorge. Comme ses intarissables prédécesseurs, qui publiaient à tour de bras, sur les sujets les plus variés et les plus improbables, Terry Jones mord toujours là où on ne l’attend pas. Mais lui, on le prend pour un farceur.
Que se passerait-il au juste si « les gens réfléchissaient au lieu de se marrer devant [ses] conneries », pour reprendre les paroles de Terry Gilliam à propos des Monty Python ? Précisément : à lire cette chronique roborative d’un monde en guerre, on est moins con de s’être marré. Dépêchons-nous de réfléchir, car le nonsense de l’histoire continue de s’écrire en lettres de feu et de sang - avec notre silencieux assentiment.
Post-scriptum
Ce texte est la préface du livre de Terry Jones, Ma guerre contre la « guerre au terrorisme ». Nous le publions avec l’aimable autorisation des éditions Flammarion. Nous proposons également un extrait du livre :
« Powell a la langue fourchue », par Terry Jones
Autre chronique de Terry Jones disponibles sur le Net :
« Péril en la grammaire »Damien-Guillaume et Marie-Blanche Audollent, Avril 2006
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Un Monty Python contre « la guerre au terrorisme », Avril 2006
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Notes
[1] Cf. V. Klemperer, LTI. La langue du troisième Reich, consacré à la rhétorique nazie...
[2] Qui a andéconstruit et parodié les langages totalitaires.
[3] Patron-éditorialiste de Charlie Hebdo
[4] Ce texte est la préface du livre de Terry Jones, Ma guerre contre la « guerre au terrorisme ». Nous le publions avec l’aimable autorisation des éditions Flammarion. Nous proposons également un extrait du livre :
« Powell a la langue fourchue », par Terry Jones
Autre chronique de Terry Jones disponibles sur le Net :
« Péril en la grammaire »
[5] Christian Salmon, « Le Ground Zero du récit », Verbicide. Du bon usage des cerveaux humains disponibles, Climats, 2005.
[6] Un certain nombre d’entre eux a paru, sous forme de « tribunes libres », dans la presse anglaise (The Observer, The Guardian, The Independent). The Nation Books, aux États-Unis, en a fait paraître un recueil partiel en janvier 2005, sous le titre Terry Jones’s War on the War on Terror.
[7] Victor Klemperer, LTI (Lingua Tertii Imperii), la langue du IIIe Reich, Albin Michel, 1996 (Pocket, 1998).
[8] Parlement international des écrivains, « Un manuel de survie intellectuelle », revue Autodafé n°3-4, Denoël, printemps 2003
[9] George Orwell, « Les principes du novlangue », appendice à 1984, Gallimard, 1950 (coll. « Folio », 1972).
[10] George Orwell, « La politique et la langue anglaise », in Tels, tels étaient nos plaisirs. Essais 1944-1949, éd. Ivrea/L’Encyclopédie des nuisances, 2005.
[11] Hubert Védrine, in Le Monde, 25 mars 2005.
[12] Propos cités par Ron Suskind, « Without a Doubt », The New York Times Magazine, 17 octobre 2004.
[13] Hannah Arendt, Le Système totalitaire, Seuil, 1972, citée par Christian Salmon, Verbicide, op. cit.
[14] Propos reproduits sur le site de l’éditeur Penguin Books
[15] Eduardo Galeano, Sens dessus dessous. L’école du monde à l’envers, Homnisphères, 2004.
[16] Autre titre du célèbre conte de Hans Christian Andersen, Les Habits neufs de l’empereur.
[17] Entretien avec Laura Miller, publié le 21 janvier 2005 par le magazine Salon (http://www.salon.com/books/int/2005/01/21/jones/index.html)
[18] Pierre Desproges, Les étrangers sont nuls, Le Seuil, 1992.
[19] Robert Benayoun, Les Dingues du nonsense. De Lewis Carroll à Woody Allen, Balland, 1977, 1984 (édition abrégée, coll. « Points-Virgule », 1986).
[20] Sébastien Homer, « Une bio pythonnante », L’Humanité, 8 novembre 2003.
[21] Entretien avec Daniel Robert Epstein, paru sur le site IGN Film Force, le 21 janvier 2004 (http://filmforce.ign.com/articles/474/474005p1.html).
[22] Hormis la science-fiction (Starship Titanic, avec Douglas Adams, éd. J’ai Lu SF, 1997), c’est d’ailleurs à peu près le seul versant de son œuvre qui soit traduite en français : Le Livre des fées séchées de lady Cottington (1995), Taches étranges et odeurs mystérieuses (1998) et La Bible des gnomes et farfadets (1999), tous trois en collaboration avec Brian Froud, aux éditions Glénat. Citons aussi Fairy Tales (Pavilion Books, 1981), The Saga of Erik the Viking (Pavilion Books, 1983), Nicobobinus (Pavilion Books, 1985) ou, dans un autre genre, Attacks of Opinion (Penguin Books, 1988).
[23] George Orwell, « Politique contre littérature », in Tels, tels étaient nos plaisirs, op. cit. (c’est nous qui soulignons).
[24] Citons par exemple Chaucer’s Knight : Portrait of a Medieval Mercenary (Weidenfeld & Nicolson, 1980), The Crusades (avec Alan Ereira, BBC/Facts on File, 1995) ou Terry Jones’s Medieval Lives (avec Alan Ereira, BBC, 2004).
[25] Terry Jones (avec Juliette Dor, Terry Dolan, Alan Fletcher et Robert Yeager), Who Murdered Chaucer ? A Medieval Mystery, Methuen, 2003.
[26] Entretien avec Laura Miller, op. cit.
[27] Entretien avec Daniel Robert Epstein, op. cit.
[28] Id.
[29] Entretien avec Kenneth Plume, paru sur le site IGN Filmforce, le 29 janvier 2002 (http://filmforce.ign.com/articles/317/317954p1.html).
[30] Voir le site Internet www.newamericancentury.org.
[31] Philippe Jaccottet, remerciement pour le prix Rambert 1956, reproduit dans Une transaction secrète, Gallimard, 1987.
[32] Pour reprendre la formule de Patrick Le Lay, PDG de TF1, dans Les Dirigeants face au changement, éd. du Huitième Jour, 2004.
[33] Sébastien Homer, « Une bio pythonnante », art. cit.